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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 15:18

Première Partie

 

Seconde Partie

Sur l'appropriation culturelle, une publication d'Amandla Stenberg: (traduction):

Les caractéristiques noires sont belles, les femmes noires ne le sont pas. 

Les femmes blanches sont des parangons de vertu et de désir. Les femmes noires font l'objet du fétichisme et de la brutalité. 

Ceci, au moins, semble être la réalité entourant la féminité et la beauté noires dans une société construite sur des standards de beauté eurocentrés. Pendant que les femmes blanches sont louées pour avoir modifié leur corps, repulpé leurs lèvres et foncé leur peau, les femmes noires sont stigmatisées, même si les mêmes caractéristiques existent sur elles naturellement. 

Ce double standard est une corde du filet enserrant la sexualité féminine noire-une toile qui piège les femmes noires quand elles revendiquent une autonomie sexuelle (NdT: difficile de traduire "agency" littéralement, au sens, être "active" parce que ça change le sens-ici il faut comprendre "active" comme opposée à "passive") La notion que les corps de femmes noires, à l'intersection de l'oppression, sont moins qu'humains et donc peu attrayants, est profondément ancrée dans la culture. Ils sont symboles de douleur, de traumatisme et de dégradation. Souvent quand ils sont sexualisés, cela provient d'un fétichisme racial. 

La sexualité noire féminine est un point sensible-sensible avec une suppression de tabous profondément enracinée-dont les effets sont étouffants. (NdT: "envahissants") 

Les stigmates l'entourant sont intégrées par les infrastructures et la psyché américaines comme en témoigne la façon dont les femmes noires (NdR cis et trans) sont agressées sexuellement et traitées par la police-un acte fréquemment non déclaré par les médias. Quand les médias n'ignorent pas totalement les femmes noires, ils sont désobligeants envers elles. 

Pendant que la culture change et que les tensions raciales sont interrogées via le mouvement BlackLivesMatter, il est important de se poser la question: 

La vie des femmes noires compte-t-elle aussi?

En prenant pour point de départ l'appropriation culturelle j'ai constaté qu'en fait, elle dépassait le "simple" pillage d'éléments "superficiels" (tissus/coiffures/prénoms*): il y a une véritable appropriation des corps noirs. Les blanc-hes peuvent les exposer dans des zoos humains (et chougner que c'est de l'aaaaart), ou exhiber la reproduction du cadavre d'un Noir assassiné par la police, comme au bon vieux temps où les Noirs étaient exposé-es dans des foires, tranquillou. Les corps noirs n'ont pas droit à la dignité, même morts: on parle de "tas de corps" lors des massacres au Nigéria en janvier, on les montre à loisir, tout comme les vidéos de gamine noire se faisant tabasser par un flic ou d'un homme noir étranglé/passé à tabac etc. Dans l'inconscient blanc, nous leur appartenons. Elles/ils peuvent toucher nos cheveux, notre peau, limite si elles/ils avaient pas peur de se faire mordre elles/ils nous examineraient les chicots. 

Là Babtou fragile vient t'affirmer que c'est par intérêt/curiosité/affection. Ok, ça justifie que tu te permettes d'être aussi intrusif-ve? Tu peux pas manifester ton intérêt/curiosité/affection de loin?  (Touche à ton cul, quoi) Et si possible sans être offensant-e, et faire des "lalalalala je t'entends pas" en te plaquant les mains sur les oreilles quand on t'explique POURQUOI ça l'est?

Honnêtement, entre les pelles à merde qui dénigrent ouvertement toute culture non occidentale et plus particulièrement les cultures noires, (africaines, afropéennes, afro-américaines, caribéennes) en les taxant d'infériorité et les ravi-es de la crèche qui découvrent un beau matin le tissu Wax, le twerk et les nattes collées (oui ça synthétise au maximum, faudrait surtout pas s'interroger plus avant, ça forcerait à être respectueux-ses) je sais pas bien ce qui est le pire...

Et ne parlons pas de la carte bonus "j'ai vécu en Afrique/'jy suis allé-e en vacances/j'y ai fait de l'humanitaire" (l'Africanie, ce grand pays des bananes plantains et de la bonne conscience blanche). Babtou fragile va même te frire la tête si toi, en tant que non-blanc-he né-e en france, t'as pas eu l'occasion pour moult raisons privées d'aller panafricaniser en mode Malcolm X (j'aime assez ce néologisme) Babtou fragile SAIT mieux que toi, quoiqu'il arrive.

 Un dernier truc: j'ai remarqué aussi que Babtou fragile n'aime pas bien la désignation "blanc" ou "noir", comme vu précédemment, mais que parfois elle/il pousse le truc jusqu'à se faire expertE Pantone JUSTE pour pas dire "Noir" ou "Blanc". Le désormais mythique "je suis pas blanc, je suis saumon clair" voisine au panthéon de la débilité avec les considérations vaseuses sur le "noir": lors d'une discussion FB une abrutie a sorti "ma fille en primaire est plus intelligente que vous elle dit pas "noir" elle dit "marron" pour parler de ses petits camarades". Moui...comment dire...

1) Moi aussi quand j'étais gamine on me disait "marron". Soit pour pas avoir à dire "noire" parce qu'être noire c'est supposément pourri pour les blanc-hes, soit pour se moquer de moi, me dire que j'étais sale, que j'étais tombée dans la merde, que j'étais grillée, que j'étais moche quoi. 

2) Dire "Marron" pour parler d'une personne noire ou métisse ça a un sens, NEUNEU. Le marronnage ça te dit rien? Les Marrons (pour aller vite) sont les esclaves en fuite. Quand tu dis de quelqu'un qu'elle/il est marron tu dis que c'est un-e esclave qui s'est enfui-e de la propriété de son maître, BIEN JOUE. Apprenez le sens des mots avant de l'ouvrir, sérieux. Et apprenez-le à vos gosses au lieu de vous esbaudir d'une prétendue ouverture d'esprit enfantine innocente trop choupinou, la prochaine fois qu'on fera le bilan, calmement (blague de vieille: si vous trouvez la subtile référence vous gagnerez un limonadier parlant à mon effigie.) 

J'ai même eu droit à une autre abrutie qui me disait de ne pas me définir comme Noire (merci mais je fais encore ce que je veux) que j'étais pas "que" ça. Oui merci bien tout à fait je suis au courant, maintenant VA LE DIRE A LA SOCIETE ET ARRETE DE M EMMERDER. 

*Les prénoms, cet ENJEU MAJEUR des gens qui n'aiment pas qu'on dénonce l'appropriation culturelle: ben oui on devrait pouvoir donner le nom qu'on veut à ses gosses, RAF si les immigré-es donnant des prénoms "traditionnels"/ de leur bled natal (forcément sauvage, forcément) sont pointés du doigt pour leur refus d'intégration, que les gamin-es font l'objet de moqueries à l'école, voire des enseignant-es (mon instit de CM1 qui prenait un malin plaisir à appeler ma copine Latifa "Lafita" d'un ton dédaigneux...j'en ai encore des remontées gastriques), que ces noms ont une signification pour leurs parents autres que "haaan cétromignon tellement original tellement exotique", que parfois ces prénoms sont la seule chose les rattachant à leur culture d'origine...DOUBLE STANDARD COUCOU. 

 

En somme, Babtou fragile ne peut s'empêcher de ramener sa gueule sur TOUT. Si Babtou fragile donne subitement l'impression de se soucier des problématiques spécifiques des non-blanc-hes, c'est pour les instrumentaliser. Il y a toujours une confiscation de la parole à l'arrivée. Ce que l'on attend de Babtou fragile, c'est une prise de conscience. En clair: si tu veux aider, tant mieux, mais avant, tu la fermes et tu t’assois.

On ne veut pas culpabiliser (on a bien compris que ça de toutes façons, on pouvait faire une croix dessus, pour rester polie)  ou quoi, on s'en fout: ce qu'on ne veut plus, c'est que dès lors que l'on parle de racisme, subir des "bubububu mais non mais gna gna gna" (oui au bout d'un moment on n'entend plus que ça) 

Je lis souvent aussi la critique, au sujet de l'afro-féminisme, que c'est confus pour les non concernées parce qu'on dit bien haut ce qu'on ne veut plus mais pas ce que l'on veut. Je répondrai qu'on veut avant tout qu'on nous foute la paix, qu'on nous laisse faires nos trucs sans les phagocyter, les récupérer pour finir par les jeter au motif que "c'est trop clivant". Et si, une fois que ceci est bien compris et admis, vous avez envie d'aider/soutenir:

Pour finir, des trucs à lire, à voir, histoire de se coucher moins neuneu (fais clic dessus) :

La Mort de Danton d'Alice Diop (je crois qu'il est dispo intégralement) 

Every single word, un tumblr qui compile les interventions des P.O.C dans les films. 

J'étais un Black Dragon, itw de Patrick Lonoh: le "pour nous et par nous" de l'époque ancestrale (on sait bien que pour toi sale jeune les années 80 c'est le crétacé) 

L'épisode de ToonGrrrlZ consacré à Jazmine Dubois réalisé par ma merveilleuse amie Docteur Pralinus, blindé de liens (dont votre serviteuse, oui conflit d'intérêt), un parfait exemple pour répondre à ceusse qui geindraient "oui mais alors du coup on peut pas parler de noir-es si on est pas noir-es": SI, quand c'est fait dans le respect, et documenté. 

Et puis allez voir ses chaînes YT intégralement, tout ce que fait cette enfant est génial. (oui c'est une enfant pour moi, même si elle me rend une tête et demie.) 

 

BISOUS. 

 

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commentaires

E
Bravo pour l'ensemble de tes articles! Ce travail de deconstruction est essentiel, donc un grand merci!
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F
Merci :)